EXTRAIT
DOCUMENTS L’ ART CAMPANAIRE EN
ROUERGUE par
Christian TRIADOU (les photos relatives
à cet article seront insérées
ultérieurement) cliquer sur l'image pour l'agrandir |
La dynastie des fondeurs
de cloches TRIADOU
Son origine
6
générations 1709-1904
D’après
l’affiche
de la Fonderie, ce serait en 1610 qu’une fonderie fut
crée à Rodez, probablement par un lorrain
et qui portera plus tard le nom de Maison TRIADOU.
Le 18 Novembre 1887, dans une lettre
adressée à M. Victor Advielle (1833-1903), historien,
lequel est intéressé par la généalogie des fondeurs
Triadou pour l’écriture d’un livre sur les fondeurs de
France et de Navarre, Amans Triadou (1856-1902) lui
répond que les fondeurs Triadou sont des descendants
d’une famille de fondeurs lorrains.
P48 Lettre Mr Advielle
I - Bernard TRIADOU
Il n’en est rien car le premier
fondeur Bernard Triadou est d’ascendance rouergate. Le
nom patronymique Triadou,
typiquement occitan, remonte au Moyen-Age.
L’origine de cette famille se situe dans le triangle
Bozouls-Espalion-Estaing plus précisément entre
Saint-Pierre de Bessuéjouls et Bozouls. Vers 1377,
Guilhaume Triadou de la paroisse de Bozouls est
mentionné locataire du mas d’Astruges. Le 16
Juin 1388, nous apprenons
grâce à une lauzime, que ce même Guilhaume
Triadou acquiert le Mas des Astruges Commune de
Saint-Pierre de Bessuéjouls auprès de
Bernard Soulières (acte chez Maître Greyssessac). On
retrouve une reconnaissance 1387 de Rostang de
Bessuéjouls, seigneur des lieux auprès de ce même
Guilhaume.
On
retrouve
aussi une reconnaissance d’un autre Guilhaume Triadou
des Astruges (fils ou petit-fils) datée de 1465,
paroisse de Bessuéjouls. Pierre Triadou né vers 1475 aux
Astrugès (fils de Guilhaume) est l’ancêtre connu à
l’origine de plusieurs lignées des Triadou dont celle des
fondeurs et celle de Antoine Triadou né en 1668 à
Astrugès, marié le 2 juillet 1701 à Sébrazac avec
Françoise Bouviala. (originaire du hameau de Bouviala
paroisse de Sébrazac).
Cette lignée est celle qui a donné le plus de
descendants Triadou dont beaucoup sont recensés en
Aveyron, émigré
à Paris ou Pigüé (Argentine)
On retrouve un ancêtre (arrière grand-père) du premier fondeur Bernard Triadou, Jean, vers 1633, agriculteur à Sentels (situé non loin des Astruges) près de Bozouls, il est né aux Astruges. On retrouve aussi des actes notariés royaux et des reconnaissances évoquant l’achat de terres des nommés TRIADOU Jean (père et fils) venant des Astruges. Sur le répertoire cadastral de Me Albouye de Bozouls de 1604, il est mentionné par ailleurs : « Pierre Triadou (des Astruges) et son fils Jean Triadou ». Cette famille Triadou quitte Sentels de Bozouls pour s’installer à Muret le Château avant de rejoindre Concourès
Un contrat de mariage entre Joseph Triadou (père de Bernard), fils de Jean Triadou (1633-1693) et de Jeanne Cormouls, son épouse, est passé le 9 avril 1703 en l’étude de Me Vernet à Rodelle. Joseph et Jeanne se marient à Concourès et y vivent de 1703 à 1723, où ils ont quatre enfants : Joseph, Anne, Marie et Bernard. Ils émigrent au Faubourg de Saint-Cyrice à Rodez où Joseph ouvre un atelier de sabotier. Bernard est né en 1709 et décédé en 1789.
Il a 14 ans lorsque son père s’installe au Faubourg de Rodez. Il est fort probable que Bernard ait appris et probablement débuté son métier chez Antoine Flottes, maître-esquilier, qui est le parrain de sa fille Marie née le 31 août 1742, pour découvrir, apprendre et aimer le métier de fondeur. Bernard se marie le 15 juillet 1739 à Notre-Dame. de Rodez et Saint-Martin des Prés avec Thérèse Pages, originaire du Nayrac. Il est fait mention de Bernard Triadou fondeur, il a trente ans.
En 1735, Bernard Triadou a 26 ans et est déclaré Maître-Saintier. Il possède un atelier à Rodez. Dans un rapport faisant état de relevés de registres paroissiaux de la paroisse de Camplong dans l’Hérault, près de Bédarieux il est écrit « qu’une ancienne cloche a été détruite. Cette cloche a été baptisée le 29/02/1735 et a été fondue par le Maître Saintier Triadou de RODEZ ». Sur ce rapport est aussi mentionné qu’une 2e cloche sortait également de l’atelier Triadou de RODEZ à la même date.
Le 14 mai 1754, au baptême de Dominique Triadou, 6e enfant de Bernard, est cité Dominique II Goussel, fondeur de Levécourt (Haute-Marne). Dominique II Goussel a 25 ans lorsqu’il accepte d’être le parrain de Dominique Triadou. Retrouver un fondeur lorrain parrain d’un de ses enfants, confirme bien que Bernard a des accointances très fortes avec les fondeurs lorrains. Le parrain a la particularité d’être responsable de l’éducation de son filleul, cet engagement déterminant son avenir. Dominique Triadou qui porte le même prénom que son parrain, meurt à l’âge de 3 ans.
P49
acte de baptême de Dominique TRIADOU
« 14 mai 1754, parrain Dominique Gousfeil de la paroisse de Chaumont de Toul en Lorraine, fondeur. Marraine; Marie Triadou; présents : Jean-Pierre Majorel, perruquier, Antoine Cambon maître coutelier »
Étant de la même génération que les deux fondeurs Goussel et Chrétiennot, il est fort probable que Bernard Triadou a appris le métier de fondeur de cloche avec ces deux associés, ce n’est pas un hasard si Dominique II est le parrain d’un de ses enfants. Cela ne fait donc aucun doute que Bernard entretient des relations amicales et professionnelles avec ces fondeurs lorrains. Le fait de rapporter sur son entité commerciale, « Maison fondée en 1610 » démontre que Bernard exploite un atelier fondé et exploité dans les années 1610 soit par des lorrains qui sont cités « résidants » à Rodez dès le début du XVIIe ou aussi par des locaux comme Jean Rolland qui demeurait rue Haute en 1612.
On peut considérer que c’est Bernard Triadou qui, le
premier, en Rouergue, se lance dans cette grande
entreprise rouergate qu’est la fonte des cloches. L’art
campanaire fait maintenant partie de l’industrie
rouergate, les descendants de Bernard ont su faire
évoluer jusqu’à rivaliser avec les plus grands noms de
l’art campanaire. Cette activité lui a permis d’exercer
une profession qu’il a choisie, et qu’il perpétue durant
toute sa vie jusqu’à ce que ses deux fils, Jacques et
Amans, prennent
la suite de cette activité. Dans son testament, en date
du 8 janvier 1782, Bernard désigne comme héritière
générale et universelle : Françoise, son troisième
enfant. Françoise ne s’étant pas mariée, alors que ses
frères et sœurs ont, quant à eux, acquis des donations
lors de leur contrat de mariage, elle pourra, après le
décès de son père, jouir du peu de bien qui lui reste :
Extrait du testament de Bernard
Triadou : Blanc, notaire à Rodez :
« L’an mil sept cent
quatre-vingt deux et le vingt huitième jour du mois de
janvier, après midi dans la ville de Rodez ; par
devant nous notaire royal de ladite ville et présents
les témoins bas nommés, fut présent Bernard Triadou
fondeur, habitant dudit Rodez, lequel étant en bonne
santé, mémoire et entendement, mais étant avancé en âge,
et craignant d’être surpris par la mort, sans avoir
déposé du peu du bien qui lui reste, a voulu auparavant
faire et ordonner son testament nuncupatif écrit et
disposition de dernière volonté en la manière suivante,
il a fait d’abord le signe de la sainte croix sur sa
personne, recommandé son âme à Dieu, et lié les saints
et saintes du paradis d’intercéder pour luy auprès de
notre Seigneur Jésus Christ, et venant à la disposition
de ses biens qui peuvent luy appartenir de présent et à
l’avenir autres que ceux compris dans la donation
contractuelle qu’il fit à Jacques Triadou, son fils, le
trois février mil sept cent quatre-vingt un, il a fait,
institué et de sa propre bouche nommer pour son
héritière générale et universelle sa fille Françoise,
pour après le décès dudit testateur, jouir de tout ce
qui lui restera de libre, instituant ses héritiers
particuliers Marguerite Triadou et Amans Triadou en la
légitime qui leur fut faite par ledit testateur dans
ledit contrat de mariage dudit Jacques Triadou, voulant
aussy que Marie Triadou,
femme de Joseph Chatelet, Angélique Triadou,
femme de Clémens Lévesque, coutelier de la ville de
Montauban ; et Jacques Triadou n’ayant autre chose
à prétendre
sur les biens que requis leur a été à chacun d’eux
donnés et constitués dans leur contrat de mariage,
instituant chacun de sesdits enfants et filles ses
héritiers particuliers, et voulant que ladite Françoise
profite du peu qui restera audit testateur... »
Bernard
Triadou et Thérèse Pagès ont 7 enfants :
1
- Bernard Paul, né et décédé en 1742
2
- Marie née le 31 Août 1742, décédée le
13/03/1819 (parrain Antoine Flotte, maître-esquillier),
épouse le 17 février 1767 Joseph Chatelet,
marchand-fondeur de Rodez.
3
- Françoise,
née le 22 avril 1745 et décédée le 15 décembre 1815, rue
Ballestrière a Rodez.
4
- Angélique, née le 28 février 1748, mariée le 3
août 1774 avec Clément Levesque, Maître coutelier du
Faubourg Saint-Cyrice Rodez.
5
- Jacques, né le 20 mai 1751, décédé le
8/11/1825, (parrain Jacques Carrie, marraine Anne
Oursal), marié à la cathédrale de Rodez le 7 février
1781 avec Jeanne Segonds (Jeanne est la petite-fille de
Antoine Flottes, Me Esquiller). Ils ont 10
enfants, nés à Rodez. (lignée des fondeurs)
P49-1
Acte mariage de Jacques T et Jeanne SEGONDS
6
- Dominique, né le 14 mai 1754 décédé
le 10 mai 1757 à Rodez.
7
- Amans Barhélémy,
7ème et dernier enfant de Bernard
Triadou, né
le 24/08/1757 à Notre-dame de Rodez, parrain Amans
Gineston, praticien, marraine Marie Triadou, décédé le
04/03/1846 à Montauban (82), inhumé dans le caveau
familial Lévêque au cimetière de Montauban (82) .
A
noter qu’il existait un Amans Barthélémy Triadou né à la
même date à Rodez, décédé l’an 1836, tisserand, rue de
l’Embergue à Rodez, marié avec Marie Boyer, ils auront 8
enfants. (coïncidence qui a berné de nombreux
généalogistes).
II - Jacques et Amans TRIADOU
Bernard
Paul,
l’aîné de la fratrie décédant en bas âge, Jacques, le
deuxième enfant mâle de Bernard prend la succession de
l’atelier de son père. Sur son acte de mariage il est
mentionné « marchand-fondeur ». On
retrouve ne nombreuses quittances dans les archives du
notaires Blanc à Rodez adressées à Jacques Triadou,
marchand-fondeur, dont celle de Jean Pagès à Jacques
Triadou datant du 06/01/1784.
P49-2
Photo quittance.
Lorsque Jacques gérait la
fonderie, les nombreuses cloches sorties de son atelier
portent toujours la dédicace suivante « TRIADOU
RODEZ » avec l’année mais jamais le prénom
contrairement à son frère Amans ou son beau-frère
Chatelet lorsqu’ils œuvraient à Rodez dans l’atelier
familial avant d’émigrer sous d’autres cieux.
P50 Signature de Jacques T cloche 1789 P55
photos quelques cloches Jacques Triadou
Amans
Barthélémy,
cité « fondeur »
en 1781 est témoin au mariage de son frère Jacques.
Ayant reçu une partie de l’héritage, Amans exerce son
activité de fondeur de cloches en Rouergue et
les départements limitrophes, comme en témoigne de
nombreuses cloches signées Amans TRIADOU entre 1777 et
1789. Il fondait soit à l’atelier familial, soit sur
place.
Amans
est un fondeur né. Il est pour ainsi dire né dans une
fonderie de cloches, y a appris le métier auprès de son
père, de son frère Jacques et de son beau-frère Joseph
Chatelet de 15 ans son aîné. Son savoir-faire était
reconnu.
Sur des cloches rescapées de la Révolution, on trouve
les noms de Chatelet Joseph, Triadou Amans. L’activité campanaire
s’arrête en novembre
1789. La Révolution Française bouleverse l’activité des
fondeurs, il n’y a plus de commande. Si on retrouve
Amans à Montauban début 1793, des archives ruthénoises
dont des relevés du chanoine Laprey[1],
et d’après un questionnaire de l’historien Advielle
joint à sa lettre adressée à Amans Triadou le 18
novembre 1887, nous indiquent qu’un fondeur Triadou
prénommé Amans est bien en Aveyron avant 1793 et se fait
remarquer par son activité campanaire très fournie avant
1789. En 1791, et durant 2 années, l’atelier de fonte
Triadou à Rodez fabrique
la monnaie de billon, le peuple appelle cette
monnaie Lou sous dé triadou. On attribue
cette production à Amans.
Dès le mois de Mars 1793, on retrouve
Amans à Montauban, dirigeant la fonderie de canons crée
par le conventionnel
Jeanbon Saint-André.
P50-1
questionnaire historien ADVIELLE
Quelques exemples de cloches fondues par Amans Triadou :
-
Cloche fondue avec
Louis Fabre[2]
à Penne dans le Tarn en 1784
Eglise
Sainte-Catherine de Penne
Matériaux : bronze
Dimensions : h = 80 ; d = 80
Iconographie : représentation d'objet (cloche, croix) ;
figure (évêque : crosse, chevalier)
-
Jean-Pierre Carme (historien campanaire et carillonneur
du Tarn) signale aussi quelques cloches
fondues dans le Tarn en 1782 signées « TRIADOU
AMANS BARTHELEMY à DENAT (81) et Nay près de Gaillac
(81) signée
TRIADOU AMANS – F VALETON » .
Avant
la Révolution, Amans œuvrait aussi dans le Tarn-Garonne
où se trouvaient sa sœur Angélique et son beau-frère
Clément Lévesque, maître-coutelier. L’une des deux
cloches de
l’église de Cazillac (82) a été fondue par Amans Triadou
en 1787. Extrait historique sur
l’église Saint-Pierre ès Liens de Cazillac
(Tarn-Garonne) :
«...La
façade
de l’église a été refaite au XIXe siècle avec son
clocher-arcade à pignon écrasé. L’une des deux cloches a
été fondue par Amans Triadou en 1787. A la suite du
léger déplacement d’un coussinet, elle tomba et tua
Pierre Costerasteb (le carillonneur) le 21 août 1853.
L’autre cloche, sortie des ateliers de M. Lévêque, a été
bénite le 18 octobre 1896. Elle se nomme Noélie..»
En
1793 Amans Triadou se trouve à Montauban où
il dirige une fonderie dont la principale activité est
la fonte de canons.
Amans
Barthélémy TRIADOU
sauve sa tête - Fait historique:
En marge de la levée de 300000
hommes à Montauban : la manifestation du 10 Marc
1793 et la décapitation de Jean CLADEL.[3][4]
Extraits
de documents de GARRIC Jean-Michel, en marge de la
levée de 300000 hommes :
« la
manifestation du 10 Mars 1793 à Montauban et la
décapitation de Jean Cladel et Athane Urbain, Essai sur
Montauban, géographique, historique, économique.
«Suite
à l’exécution de Louis XVI le 21 Janvier 1793, l’Espagne
et le Portugal rejoignent la coalition anti-française,
la France déclare la guerre à l’Angleterre et la
Hollande. La France décrète une nouvelle levée de trois
cent mille hommes, (célibataires ou veufs sans enfants,
âgés de 18 à 40 ans)
commençant une politique de levée de masse sur le
territoire devenue national. De nombreuses
insurrections populaires mettent la France à feu à sang,
notamment pour protester contre la levée de nouveaux
soldats de tous les célibataires... Aussi ce 10 mars
1793, au ci-devant Cours Foucault rebaptisé Champ de
Mars, et devant un imposant concours de peuple, doit
avoir lieu la lecture officielle du décret de la
Convention … Les esprits ne sont pas sereins. Les
décisions de Paris sont toujours largement impopulaires
auprès de la population. Des rumeurs circulent que des
groupements de
jeunes quittant leurs fermes se dirigeraient vers la
ville.
Peu avant dix heures, moment fixé
pour la lecture publique, un bourrelier de Villenouvelle
pénètre sur le Champ de Mars, il s’appelle Jean Cladel
et est revêtu de son uniforme de garde national afin
d’entendre la lecture du décret. (Jean Cladel est un
ancien militaire volontaire, engagé à 16 ans, dans le
régiment d’ Angoulême, servit 16 années et devint
sous-officier). Pendant que les officiers municipaux
déclament les articles un à un, les groupes discutent de
plus belle avec âpreté. Pourquoi le tirage au sort
existe il encore ? Est-ce cela la liberté promise après
l’abolition de la royauté ? Pourquoi l’odieux
principe du remplacement onéreux n’a il pas été aboli ?
Certains hommes n’hésitent pas à exprimer
hautement leur désaccord, tel cet Amans Triadou, un
fondeur de cloches, qui tient les pires propos sur le
tirage au sort… Un registre d’inscription est alors
ouvert mais les candidats ne se présentent pas
spontanément.
La
rencontre avec une patrouille de vrais gardes nationaux
fut désastreuse, les jeunes gens se dispersèrent,
certains s’échappèrent mais beaucoup furent interpellés.
Cladel, considéré comme le meneur, fut interpellé avec
321 autres jeunes. Ils furent ensuite tous enfermés dans
les chambres d’arrêt municipales. L’instruction aussitôt
ouverte dura jusqu’au 26 mars, 52 témoins furent
entendus. Cladel fut questionné 2 fois, mais il ne fut
pas le seul. Fortement
opposé au décret de la levée, Amans Triadou qui s’était
répandu en invectives contre le décret fut appréhendé
sans avoir participé à l’attroupement et questionné 2
fois le 25 mars et le 8 mai.
Il fut arrêté à son domicile et emprisonné avec
les autres en raison de ses propos non équivoques.
On
voyait en lui un coupable en puissance et qu’on était
prêt à lui faire partager les responsabilités attribuées
à Cladel. Il fut même très fortement soupçonné d’avoir
rédigé lui-même les affiches découvertes sur les arbres
du cours Foucault le matin de la proclamation.
Il nia tout en bloc mais logiquement au regard du
contexte politique de cette époque, il aurait pu finir
ses jours sur l’échafaud. Amans demeura au cachot et en
fut tiré sans autre forme de procès par Jeanbon Saint
André lui-même. Pourquoi
fut libéré Amans Triadou ?
Amans Triadou s’avéra être à Montauban le seul
fondeur suffisamment compétent pour diriger
les activités de la fonderie de canons, créée par le
Conventionnel… ».
Le conventionnel Jean Bon Saint André avait tout pouvoir
dans le Tarn et Garonne depuis le 11 mars 1793, date du
décret du salut public qui lui conférait pleins
pouvoirs, il était en mission officielle et
représentait la Convention.
Il fit
établir à Montauban une fonderie de canons et un atelier
de charronnage qui fonctionnèrent activement à partir de
juillet 1793.
La guillotine ne se trouvait pas sur place,
il n’y en avait pas.
Elle est venue de Cahors. Jean Cladel fut
guillotiné le 11
mai à 8 heures du matin.
Il a été le seul
guillotiné à Montauban. Le fait qu’il
n’y a eu aucun guillotiné à Montauban, hormis le
malheureux Cladel, démontre que le conventionnel Jean
Bon Saint André très attaché à la cité montalbanaise et
possédant une grande influence pendant cette période
trouble n’y serait pas étranger.
D’autres
fonderies
à canon furent crées comme celles de Toulouse (dirigée
par Joseph Chatelet)
et Perrache
près de Lyon le 20 mai 1793.
Amans
Triadou,
nettement plus impliqué que Jean Cladel était le
coupable tout désigné.
Le fondeur de cloches rouergat a bien sauvé sa
tête grâce ses compétences dans le domaine de la fonte.
Dirigeant la fonderie de canons créée par le conventionnel Jean Bon Saint
André ,
Amans Triadou en sera évincé le 4 février 1794 pour
« faiblesse de civisme ».
Après avoir fondu de la monnaie dans l’atelier
familial à Rodez en 1791 et 1792 et des canons à
Montauban en l’année 1793, Amans continue à Montauban
son activité de fondeur dans la fabrication de
sonnailles, et bien d’autre objets nécessaires à
l’activité usuelle jusqu’en 1802 avant de retrouver une
activité normale comme tous les fondeurs de cloches.
Ayant toujours conservé ses relations familiales en Rouergue, Amans s’y déplace assez régulièrement pour aider son frère Jacques. On retrouve de nombreuses cloches signées par les 2 frères « TRIADOU Ainé et TRIADOU Cadet ». A noter que Jacques Triadou signait TRIADOU Ainé et Amans TRIADOU Cadet. Ce dernier était aussi surnommé Triadounet, du fait qu’il était le plus jeune de la fratrie, la terminaison ounet est un diminutif donnant un sens affectueux au nom patronymique ou au prénom dans la tradition aveyronnaise. On le retrouve encore ce jour dans le langage populaire rouergat.
On retrouve Amans avec son frère en Aveyron où ils ont fondu des cloches sur la place de La Madeleine. Relevé manuscrit au chapitre de Rodez :
« Après la Révolution, le 1er octobre 1804, M. Mazars, curé de Saint-Amans, passait un contrat avec les frères Jacques Triadou de Rodez et Amans Triadou de Montauban, tous deux fondeurs de cloches. Ils s'engageaient solidairement à livrer deux cloches à l'église Saint-Amans à RODEZ ».
P51 Photos signatures des 2 frères TRIADOU, Jacques aîné et Amans cadet.
Amans continue à fondre des cloches : en 1804 à Valence d’Albi (81), à l’église Notre Dame de Fonlabour à ALBI (81), en 1808, à l’Abbaye Saint-Michel à GAILLAC (81), en 1817, 2 cloches de 900 et 400kg avec son neveu Amans Lévesque pour la cathédrale Saint-Just de Carcassonne...
On peut remarquer que le parcours d Amans est sensiblement similaire à celui de son beau-frère Joseph Chatelet, l’un s’installant à Toulouse et l’autre à Montauban où tous deux ont dirigé une fonderie de canons. Amans, beaucoup plus jeune, a toujours connu Joseph et a appris le métier auprès de lui. Ils sont toujours restés en contact même lorsque qu’ils ont poursuivi leur activité dans deux villes qui étaient proches. A Cox (31), on retrouve une cloche fondue par Joseph Chatelet et Amans Triadou.
Amans
étant
célibataire et n’ayant aucune descendance directe, il
initie son neveu et filleul Amans Levesque, né en 1781,
fils d’Angélique et Clément. En 1795, Amans Levesque,
âgé de 14 ans, devient son héritier légitime. Ils
travailleront toute leur vie en association.
Amans se marie avec Jeanne Gardes en 1821 à
Montauban. Amans Levesque est décédé en 1845 et Amans
Triadou. en 1846. Ils sont inhumés tous deux dans le
caveau familial Leveque
(surmonté d’une cloche comme celui des fondeurs
de Rodez) et située dans le cimetière de Montauban. La
descendance d’Amans Lévêque continuera l’activité.
P52
Photos caveau familial LEVEQUE à Montauban.
La
dynastie
des fondeurs Lévêque de Montauban a fondu un grand
nombre de cloches dans le sud-ouest. Le fichier
campanaire de la Société Française de Campanologie comporte prés
de 150 cloches Lévêque sorties des ateliers de
Montauban. Les deux fils d’ Amans Lévêque perpétuèrent
la fonderie de cloches.[5]
P53 Fiche avec photos à joindre Cloche fondue en 1824 par TRIADOU Amans MONTAUBAN (82)-
Eglise Saint-Pierre, Bruyères , Cne de CAZES-MONDENARD (82)
Joseph
CHATELET :
Joseph
Chatelet
(1744-1834) est
le premier élève de la dynastie des fondeurs de cloches
Triadou, il apprend le métier de fondeur de cloches dans
l’atelier de Bernard Triadou. Il y rencontrera sa future
épouse, Marie, qu’il épousera le 8 février 1767. Il
exercera son métier de fondeur de cloches une quinzaine
d’années à Rodez, sera même associé un certain temps à
son beau-père. Ses deux beaux-frères Jacques et Amans,
bien plus jeunes, apprendront
le métier auprès de lui.
On
retrouve
de nombreuses cloches et sonnailles portant le nom de
Chatelet fondues dans l’atelier familial de Rodez.
P54
Sonnailles CHATELET RODES
Sur
le contrat de mariage de Marie, sa fille aînée, avec
Joseph Chatelet, Bernard Triadou s’engage à associer ce
dernier à son entreprise durant un an, avec partage des
gains mais en payant la totalité des matières,
matériaux, outillage, etc.
Contrat de mariage de
Joseph Chatelet et Marie Triadou (08/02/1767) Extrait
Galibert,
notaire
à Rodez [6]
« L’an mil sept cent soixante sept
et le huitième jour du mois de février après-midi dans
Rodez, Louis quinzième régnant, par devant nous notaire
royal et en présence des témoins cy après nommez ont été
en leur personne Joseph Chatelet, fondeur, fils légitime
et naturel d’ Antoine Chatelet, chaudronnier et de feue
Marie Clot quand vivait mariés du fauxbourg St Cirice de
Rodez y habitans, paroisse Notre Dame d’une part ;
et Marie Triadou, fille légitime et naturelle de Bernard
Triadou, aussi fondeur et Thérèse Pagès, mariés,
habitans dudit Rodez…
demeure convenu et accordé que ledit Triadou
donnera et constituera en dot comme par le présent, il
donnera et constituera audit titre de dot à sa dite
fille future épouse la somme de sept cens livres argent,
trois paires draps toile du pays, douze serviettes, deux
nappes, une douzaine d’assiettes, trois plats, quatre
écuelles et quatre cuillères de bouche, le tout étain,
un chauderon cuivre du poids de douze livres, un matelas
et une couverture, le tout laine ; des meubles de
la maison dudit Triadou, payable ladite somme de sept
cens livres, savoir tout présentement celle de quatre
cens livres comme ledit Triadou a fait l’ayant
réellement compté auxdits futurs époux en bonnes espèces
de cours et par lui reçu à son consentement au vu de
nous dits notaire et témoins dont quittance ledit
Triadou son beau-père futur qui promet et s’oblige de
lui payer les trois cens livres du surplus de ladite dot
en argent dans deux ans à compter de ce jourd’hui sans
intérêt qu’à desfaut de payement audit terme, et leur
susdit dotation ledit Triadou promet et s’oblige de
loger et nourrir à son dans sa maison à son même pot et
feu lesdits futurs époux jusqu’à la feste de
Saint-Jean-Baptiste prochaine à commencer et à compter
du jour de la célébration de leur futur mariage ;
et pour même considération dudit présent mariage démarre
comment entre ledit Triadou et ledit Joseph Chatelet
son gendre futur qu’ils seront associés pendant
l’espace d’un an à commencer à la foire de la my
carême prochaine se tenant audit Rodez pour finir à
pareil terme, »…
Joseph Chatelet restera à Rodez jusqu’à la fin des
années 1780, Jacques ayant repris l’atelier familial à
la mort de Bernard en 1789. Bien qu’il soit domicilié à
Rodez, Joseph, souvent accompagné par Amans, se déplace
au grè des commandes dans tout le Rouergue et quelques
départements limitrophes comme le Cantal, l’Hérault, le
Tarn, le Tarn et Garonne et la Haute Garonne où on
retrouve encore quelques cloches signées Chatelet
rescapées de la Révolution. .
Joseph est à Rodez en 1791 pour le baptême de Joseph
Triadou, 4ème enfant de Jacques Triadou, né
le 31 mars 1791, dont il est le parrain. Portant donc le
même prénom que son parrain ,Joseph Triadou. pratiquera le même
métier, fondeur, et succédera à son père à Rodez avec
deux de ses frères.
Si on retrouve de
nombreuses cloches
rescapées de la Révolution signées Chatelet seul,
on en trouve aussi signées Chatelet et Triadou Amans, comme
celle de Brignac et Gabian
dans l’Hérault, fondues en 1778 portant les
inscriptions en latin
comme suit :
« ... CHATELET ET TRIADOU ME FECERONT ANNO DNI M DCCLXXVIII Auteur(s), 1778 ».
- Cloche de Cassou (hameau du nord-Aveyron)
en Aveyron qui se trouve à ce jour dans le clocher de
l’église de Saint-Amans-Des-Côts dans le Nord Aveyron
porte la date 1777
et l'inscription : « Sieur François Constens
de Seguis m'a fait faire. Joseph Chatelet me
fecit - Amans
Triadou ».
-
Cloche église de Carlencas-et-Levas (Hérault), 1778.
- Cloche du Temple protestant de Millau,
date non relevée.
- Cloche église de Saint-Santin
de Maurs (Cantal) 1784, cloche fondue par Chatelet.
En 1793, Joseph
dirige une fonderie à canons à Toulouse comme son
beau-frère Amans à Montauban.
On trouve de nombreuses cloches
fondues par Chatelet après la Révolution comme celle de
Foix dans l’Ariège, en 1805 où les paroissiens demandent
au fondeur Chatelet de fondre une grosse cloche
antérieure à la Révolution pour en faire trois plus
petites.
Après
Amans
que l’on peut considérer comme le fondateur de la
dynastie des fondeurs Lévêque à Montauban,
Joseph Chatelet est le fondateur de la dynastie des
fondeurs Chatelet-Olin[7]
qui devinrent de grands fondeurs à Toulouse où on peut
encore admirer à ce jour des œuvres embellissant la
ville rose.[8]
P54-01
En
1802, Amans-Alexis Monteil écrit dans son ouvrage
intitulé Description du département de l’Aveiron [9]:
« Matté
comme
un fondeur de cloches : ce vieux
proverbe semble fait aujourd’hui, du moins n’a-t-il
jamais été plus vrai. Le département compte deux ou
trois fondeurs de cloches très habiles, mais, comme on
peut bien s’en douter, ils ne font plus
d’apprentis ».
La
crise se termine et le rééquipement des clochers de
toutes les églises est
indispensable. Dès 1802, le travail reprend, la
fonderie ruthénoise retrouve un rythme supérieur à ses
meilleures années antérieures. Les commandes affluent de
l’ensemble des communes du département et même des régions
voisines. On retrouve de nombreuses cloches signées
Triadou dans les églises rouergates et départements
limitrophes dès le début du 19e siècle.
Descendance
de
Jacques , 10 enfants :
1
Jeanne, née le 4 Octobre 1782 à Rodez, décédé
chez Marianne Bibal, sa mère nourricière le 1er
octobre 1783 à La Loubière.
2
Marie-Jeanne, née le 12 mars 1784, décédée le 14
juillet 1822, mariée en 1817 avec Etienne
Delpuech de La Capelle Barres, sabotier à Rodez.
3
Marie Marguerite Julie, née le 3 juin 1789,
mariée le 15 juin 1813 à Montclar de Quercy avec Jacques
Benjamin Monruffet décédée le 20 novembre 1815, remariée
le 26 février 1817 à Montclar- de-Quercy avec Antoine
Bernard Lacoste, décédée le 10 février 1840, remariée le
18 octobre 1864 avec
Antoine Delmas de Montclar-de-Quercy.
4
Joseph né le 31 mars 1791, (parrain Joseph
Chatelet) décédé le 12 Août 1831, rue de l’Embergue à
Rodez, marié le 1 septembre 1822 à Rodez avec Marie Anne
Mathurin Chauchard décédée le 8 mai 1828 à Rodez,
remarié le 2 mars 1829 avec Rose Boyer, ils eurent une
fille Rose Mélanie née le 1 juillet 1830 à Rodez, mariée
le 13 juillet 1847
avec Joseph Antoine Artus
Pharmacien.
P55-1 Mention acte
Baptême
5 Marie
Victoire née le 30 mai 1794 au Faubourg de l’Egalité (Rodez).
6 Joseph
Amans, né le 1 juin 1795, décédé le 21 mars 1829,
prêtre.
7 Jacques Etienne, (lignée des fondeurs) né le 14 mai 1797, ils adoptent Jacques-Adolphe né de parents inconnus, (prénommé Adolphe, né le 1er janvier 1822 à Rodez et reconnu lors du mariage de ses parents en 1824) .
……………………..8
Elisabeth
Denise, née le 23 janvier 1799, décédée le 11
février 1813.
9 Hippolyte, né le 19 décembre 1799, décédé le 28 mars 1852, marié le 28 juillet 1828 à Rodez, avec Marie-Rose Vareilles, née le 19 décembre 1802 à Rodez, fille de Vincent et Rose Marie Cabrolier , décédée le 2 janvier 1829 à Rodez, remarié le 26 novembre 1834 avec Rose Boyer sa belle-sœur, d’où : a) Palmyre Mathilde née le 22 mars 1837 à Rodez, mariée le 20 avril 1858 à Rodez avec Louis Léon Mouly, avocat. b) Antoine Hippolyte, né le 29 mars 1839 à Rodez.
10
Joseph né le 17 février 1802 à Rodez, sapeur au 1er
bataillon du 2ème de génie,
décédé le 24 novembre 1828 à Navarin en Grèce, entré à
l’hôpital le 21 novembre suite à de la fièvre.
III - Hippolyte, Jacques Etienne, Joseph
TRIADOU
Sur les six fils de Jacques, trois participent à la bonne marche de la fonderie : Joseph, Hippolyte et Jacques Etienne. Au décès de Jacques en 1825, les trois fils continuent la fonte des cloches dans l’atelier de la rue de l’Embergue à Rodez. Joseph décède en 1831, soit six années après son père. Hippolyte poursuivra seul l’exploitation de la fonderie, Jacques Etienne abandonnant le métier de fondeur pour celui de perruquier. On retrouve un contrat de vente de 2 cloches passé entre Hippolyte Triadou, cité fondeur de métaux à Rodez et M. Mazars Louis, de la Bessière, trésorier de la Fabrique de la paroisse de Meljac le 21 Juillet 1837.
P56
Cloches Meljac, Sénergues et Saint Chély de Sévérac
Sur des cloches fondues par Hippolyte en son atelier de Rodez on retrouve de nombreuses inversions de chiffres et lettres dont celles de Sénergues et Saint-Chély de Sévérac.
Les cloches sortant de l’atelier familial Triadou rue de l’Embergue entre 1831 et 1952 sont fondues par Hippolyte, dernier fondeur de sa génération. Son neveu a effectué son apprentissage dans l’atelier familial mais comme nous allons le voir, la transition s’avéra relativement complexe.
IV - Jacques-Adolphe, prénommé Adolphe Triadou
Adolphe restera donc quelques temps à la fonderie familiale chez son oncle Hippolyte, puis entreprend un tour de France pour se parfaire au métier de fondeur de cloches auprès des grandes fonderies dans les grandes villes de France comme Lyon, Bordeaux, Marseille, ainsi que Toulouse et Montauban, chez ses cousins Chatelet et Lévesque. Il acquiert ainsi de nombreuses techniques dont il s’est inspiré.
A Saint-Parthem se trouve une cloche portant l’épigraphie suivante : « FAIT PAR LES SIEURS TRIADOU A RODEZ 1849 MARIA ORA PRONOBIS ». Sur l’une des 2 cloches située dans le clocher de Notre-Dame d’Aynes, commune de Sénergues est cité « TRIADOU A RODEZ 1850’. Prr BAPTISTE PANISSIER Mrr MARIANNE DELOUVRIER ».
Ces
cloches
portent sur leur robe des étoiles. Cette nouvelle
technique serait attribué au fondeur Louison de
Toulouse, bien qu’on retrouve ces étoiles sur des
cloches sorties de l’atelier TRIADOU RODEZ en 1837, comme à
Cassagnes-Comtaux .
Louison est un fondeur créatif, il a déposé 2 brevets en 1850, pour une «cloche à collet et à battant flexible» surnommée les demoiselles de Louison et en 1857, une «noria à récipient intérieur, à jet continu et à borne-fontaine».
Pour
la petite histoire, l’arrière-petit neveu d’Amans
Triadou, Amans Lévêque marié à Anne Pélegrin,
petite-fille de Jean-louis Louison, sera le successeur
et dernier fondeur de la dynastie des fondeurs Louison,
jusqu’à la date e de son décès en 1905.
Après
son « tour de France », Adolphe décide de se
stabiliser en installant sa propre fonderie à Rodez, ce
qui déplut à son oncle Hippolyte qui voit en lui un
concurrent sérieux.
Le
12 janvier 1846, (Adolphe a 24 ans), Il épouse à Rodez
Françoise Marie Catays, née le 15 octobre 1823 à Alayrac près d’
Espalion, fille de Jean Antoine et Jeanne Bezamat.
Un article du Journal de l’
Aveyron du 25/02/1846, informe la population de
l’installation de l’atelier d’Adolphe Triadou :
« Avis à
MM. Les Ecclésiastiques. FONDEURS DE CLOCHES. Le sieur
TRIADOU neveu et Compagnie ont l’honneur de prévenir MM.
Les ecclésiastiques qu’après avoir travaillé dans les
principales villes de France, ils viennent de créer une
Fonderie de Cloches à l’instar de celles de Lyon, de
Bordeaux et de Marseille.
Ils osent se flatter que leur ouvrage ne laissera
rien à désirer sous le rapport du bon et du solide. Ils
donneront toute facilité pour le paiement et répondront
de la casse des cloches tout le temps que l’on jugera à
propos. Ils font aussi toute sorte de pièces concernant
la fonderie, telles que pompes, engrenages, robinets,
chandeliers, sonnettes, grelots, etc.
Leur
magasin
est situé rue du Terral à Rodez ».
Hippolyte
ne
tarde pas à réagir :
Journal
de
l’Aveyron du
04/04/1846 : « Le sieur Hippolyte Triadou,
fondeur en bronze, dans cet état, de son père et de ses frères ,
continue avec succès la fonte des cloches et prie MM.
Les Ecclésiastiques et membres des Fabriques de ne pas
confondre son nom et son atelier avec ceux du sieur
Triadou neveu et Cie, qui ont une une industrie séparée.
Il fera avec zèle et aux meilleures conditions
possibles, les cloches de toutes dimensions et autres
articles de son état. Son atelier est au fond de la rue
de l’Embergue à Rodez ».
Pour
se différencier de son oncle, Adolphe nomme donc sa
maison « Triadou neveu ». Mais sans doute trop
proche de son oncle Hippolyte, il s’établit
définitivement Rue du Lycée (actuellement Bd. Gally).
P56-1 Planche Photos + légende mentionnée sur la fiche
Hippolyte cherchera toujours à se différencier de son neveu.
Journal de l’Aveyron du 10/05/1851 : « AVIS. Le sieur Hippolyte Triadou, fondeur de cloches à Rodez, a l’honneur de faire savoir à MM. les ecclésiastiques qu’il n’y a jamais eu la moindre association entre lui et son neveu, et que s’il a employé ce dernier, ce n’a été qu’à titre d’ouvrier. Il traite à 20 pour cent au-dessous des prix établis jusqu’à ce jour ».
Hippolyte décède le 28/03/1852. Ne pouvant poursuivre l’exploitation de la fonderie, et ayant son fils trop jeune pour cela, sa veuve se sépare immédiatement de son entreprise.
Désormais,
Adolphe
reste seul fondeur de cloches sur la place de Rodez. Il
fait un battage publicitaire sur la presse locale et
régionale :
P57
photo Adolphe
TRIADOU
Journal
de
l’Aveyron du 27/07/1852 :
« FONDERIE
DE CLOCHES de TRIADOU Neveu Le sieur
Triadou neveu a l’honneur de prévenir MM. les
ecclésiastiques qu’il continue à confectionner les
Cloches pour son propre compte, et qu’il est parvenu,
grâce à des études suivies et à son expérience, à donner
à ses cloches tous les tons qu’on peut désirer.
Il fond aussi dans son
atelier toute espèce de pièces en fonte de fer et en
cuivre, comme chandeliers d’église, robinets, pompes,
etc. ; le tout à des prix très modérés.
Son
magasin est situé sur le boulevard du Lycée, près de la
cathédrale, à Rodez ».
Son
ambition
l’amène à prendre une place plus importante sur le
département.
Les
cloches
fondues par Adolphe se différencient nettement de celles
de la génération précédente lesquelles étaient de
facture plus simple.
A cette période
on retrouve beaucoup de cloches fondues à l’atelier de
Rodez comme la cloche de la chapelle de Saint-Clément
commune de Moyrazès qui porte les inscriptions suivantes
« 1957 FP TRIADOU-CAZES-POURCEL A RODEZ ».
P58
photos Chapelle St Clément
On trouve
aussi une
cloche à Notre d’Aynes commune de Sénergues portant
les dédicaces suivantes : « TRIADOU
CAZES POURCEL A RODEZ 1859 ». On retrouve
aussi à Laveyssière dans le Cantal une cloche portant
les épigraphie suivantes :
« POURCEL
- CAZES - TRIADOU FONDEURS A VILLEFRANCHE D’AVEYRON
1858[10] ».
Adolphe
travaillait déjà en collaboration avec Bernard Cazes
et Jean-Baptiste Pourcel depuis son installation à
Rodez le 25/02/1846, la fonderie de
Villefranche-de-Rouergue étant gérée plus
particulièrement par Jean-Antoine Cazes.
P58-1
Le
Journal de l’ Aveyron du 19/01/1861
rapporte : ‘
« ..afin
de
répondre à la demande des petites cloches de 25kgs,
Adolphe s’associe à Jean-Antoine et Bernard Cazes ainsi
qu’à Jean-Baptiste Pourcel, fondeurs à Villefranche de
Rouergue ».
Autre article : « Arrondissement de
Villefranche : - Constitution d’une société pour la
fonderie de cloches entre MM Adolphe Triadou à Rodez,
Jean-Antoine et Bernard Cazes, et Jean-Baptiste Pourcel,
fondeurs à Villefranche ».
Ce
modèle leur vaut une médaille d’argent à l’exposition de
Toulouse de 1865.
Journal
de
l’Aveyron du 20/12/1865 : « Parmi
les lauréats de l’Exposition des produits des beaux-arts
et de l’industrie qui a eu lieu en 1865 à Toulouse, nous
trouvons les noms suivant qui appartiennent à notre
département ».
M
Rouquayrol, ingénieur des mines à Decazeville, une
médaille d’or de 1ère classe, pour son
appareil de plongeur;
MM
Cazes, Pourcel et Triadou, fondeurs à Villefranche, une
médaille d’argent de 2ème classe (section des cuivres et
bronzes).
A noter que
l’ancien bourdon de la cathédrale Saint-Pierre à Saint-Flour
dans le Cantal a été fondu en 1868 par Adolphe Triadou.
Il a obtenu une médaille à l’exposition (Paris ou
Toulouse) précision
de Pascale Moulier.[11]
Renseignements relevés dans le document de Jean-Claude
Roc
‘ .
Dans
le Journal de l’
Aveyron du 27/04/1871, paraît l’article suivant
(extraits) :
Étude de Me Vaissettes,
notaire à Villefranche d’Aveyron. D’un contrat passé
devant Me Vaissettes et son collègue, notaires à
Villefranche d’Aveyron (en date du 25/04/1871):
«Le quatorze
avril mil-huit cent soixante-et-onze, portant la
mention : Enregistré à Villefranche le vingt-deux
avril dix-huit cent…, Lescure signé, contenant
prorogation de Société entre :
« Monsieur Adolphe Triadou, fondeur,
demeurant à Rodez, d’une part,
Messieurs Jean-Antoine et Bernard Cazes
frères, fondeurs, demeurant à Villefranche d’Aveyron,
d’autre part,
Et
M Jean-Baptiste Pourcel, aussi fondeur, demeurant audit Villefranche,
d’autre part, a été transmis ce qui suit :
« Les
sieurs
Triadou, d’une part, Jean-Antoire et Bernard Cazes
d’autre part, Jean-Baptiste Pourcel d’autre part,
prorogent pour dix à partir du dix-sept mars, mil-huit
cent soixante-onze, la Société entre formée dans de but
de couler en commun les cloches dont le poids excédera
vingt-cinq kilogrammes, par acte du sept janvier
mil-huit cent soixante-un, devant Me Andorre, notaire à
Villefranche, avec les modifications qui suivent :
Le
sieur Triadou entre dans l’Association pour un tiers,
les frères Cazes pour un tiers, et Pourcel pour l’autre
tiers. Par suite, chacun des trois associés sera admis à
fournir un tiers du travail ».
Les commandes de cloches d’églises deviennent de plus en plus importantes, cette activité étant en plein essor, la fonderie de Rodez s’adapte et jusqu’à la fin des années 1870 on retrouve de nombreuses cloches d’un gabarit plus imposant fondues par les trois associés dans les ateliers « TRIADOU à Rodez » et portant les inscriptions des 3 fondeurs : TRIADOU – CAZES – POURCEL, RODEZ, comme celles du Monastère sous Rodez 1865, Ampiac 1866, Saint-Chély d’Aubrac 1868, beffroi de Millau 1873, la Vinzelle 1870, Fijaguet de Rodelle 1876. On retrouve aussi quelques cloches fondues dans l’atelier Cazes à Villefranche-de-Rouergue : comme celle de l’église de Saint-Illide (Cantal), fondue en 1873, d’un diamètre de 125 cm et d’un poids de 1100 kg, noté Ré. Ce bourdon porte l’inscription suivant : « A VILLEFRANCHE AVEYRON PAR CAZES FRERES POURCEL TRIADOU ».[12]
P59 photos
A
cette période, on retrouve aussi dans les églises
rouergates des cloches fondues par des lorrains
itinérants qui ont continué encore à parcourir
l’hexagone, notamment Pierre Decharme à Coubisou en
1811. On retrouve aussi les noms d’autres fondeurs :
Comme à Ségonzac (Villecomtal), 1872,
(Bollee et ses fils fondeurs et accordeurs au Mans),
cette famille originaire de Breuvannes dans le Bassigny
était localisée Au Mans dans la
Sarthe.
Eglise de Ladepeyre (Viala du
Tarn), (BURDIN AINE A LYON), 1881
Neuf cloches de la cathédrale de
Rodez (Morel de Lyon) 1843…
P60
Planche photo en
cours ...
Journal
de
l’ Aveyron du 20/05/1873 :
« Nous
avons
eu plusieurs fois occasion de signaler à nos lecteurs
les précieuses ressources que possède la ville de Rodez
sous le rapport artistique. Bien des villes, nos
voisines, trouvent que nous nous sommes fait une large
part et sauraient apprécier, mieux peut-être que nous ne
le faisons, l’avantage de trouver dans leur sein ce
qu’elles sont souvent obligées d’aller chercher au loin
et au prix de grands sacrifices. L’Art chrétien occupe
naturellement une bonne place parmi nous et permet aux
paroisses du diocèse de trouver à Rodez, dans
d’excellentes conditions, tout ce qui peut contribuer à
relever du culte catholique. Nous avons pu nous en
convaincre une fois de plus en visitant les ateliers de
M Triadou, fondeur de cloches, à Rodez. Les
perfectionnements qui ont été récemment apportés à cette
importante fonderie, dont l‘établissement remonte à plus
d’un siècle, permettent d’exécuter des travaux qui ne le
cèdent ni en beauté ni en solidité à ceux qui nous
viennent de nos grandes villes. On peut voir en ce
moment dans les ateliers de M Triadou une belle et
grande cloche qu’on vient de fondre pour la ville de
Millau. Elle mesure près de 2 mètres de hauteur et son diamètre
est d’environ 1 mètres 70.
La forme en est gracieuse, élancée et l’éclat du
métal fait préjuger d’avance de la sonorité et de la
puissance du son. Les ornements, les inscriptions, les
armoiries de la ville, ainsi que les anses sont exécutés
avec beaucoup d’élégance et de perfection. Nous
souhaitons que ce beau travail, qui vient après tant
d’autres, soit une recommandation pour M Triadou, qui
mérite à tous les titres la confiance du clergé ».
Descendance
d’Adolphe
:
1
Marie-Clara,
née le 22 novembre 1846, décédée le 21 mai 1847, rue des
Limonadiers
2 Adolphe-Amans,
né le 26 mars 1848, décédé le 28 juillet 1848
3
Hippolyte Adolphe né le 23 mai 1849, épouse en
1874 à Villefranche-de-Rouergue, Marguerite
Jeanne Pourcel, née le 31 juillet 1851 à
Villefranche-de-Rouergue, fille de Jean-Baptiste
PourceL, fondeur à Villefranche-de-Rouergue, associé de son
père. Une sœur de Marguerite Jeanne, Julie Antoinette
Pourcel, née le 1er Janvier 1831 à
Villefranche-de-Rouergue, se marie le 23 novembre 1885
avec Louis Plainecassagnes, clerc d’avoué, ce dernier
apprendra le métier de fondeur et associé avec
son beau-père dans la fonderie familiale. Il sera le
dernier fondeur de la dynastie Pourcel :
3 générations de 1822 à 1913
4 Henri-Georges,
né le 3 mai 1850 à Rodez
5
Marie-Clara,
née le 25 janvier 1854, décédée le 31 Août 1854
6 Amans-Adolphe,
né le 20 juin 1856, avant dernier fondeur de cloches de
la dynastie Triadou, industriel métallurgiste à
son mariage le 15 juin 1880 à Mur de Barrez avec Marie
Birotteau, née le 16 septembre 1855 à Montpellier, décédé le 6
mars 1902, au 6 Place Bonnaterre à RODEZ.
7
Adolphe-Amans, né le 13 juin 1881, décédé le 19
décembre 1881 à Rodez
V - Amans, Hippolyte, Henri TRIADOU
Trois des 7 enfants de Jacques-Adolphe continuent la profession de fondeur de cloches : Hippolyte, Henri et Amans.
On
retrouve
une cloche à Saint Auvens (87) fondue en 1876 par
« TRIADOU, Ainé, Villefranche, une autre à Sillan
la Cascade (84), fondue en 1877, par Hippolyte Triadou, Aîné
Fondeur à Villefranche de Rouergue (12) (la seule
cloche Triadou du département du Var). On peut en
déduire que Hippolyte fond des cloches à son nom, à
Villefranche-de-Rouergue, dans l’atelier familial
« Pourcel ». Hippolyte (comme son grand-oncle)
revendique le droit
d’aînesse (coutume courante chez les fondeurs)
P61
Photo
cloche Sillan
Adolphe continuant l’exploitation de la fonderie familiale à Rodez avec Amans, Hippolyte et Henri décident de monter une société pour l’exploitation d’une fonderie de cloches à Villefranche-de- Rouergue. Le 16 avril 1880, tous deux passent en l’étude de Maître Lacombe, à Rodez afin de signer les actes qui réglementeront leur association. Elle se nommera : « Triadou frères ». Cette activité était située faubourg Guiraudet. Cette association ne durera que trois années. Les deux frères n’arrivant pas à s’entendre, la dissolution de la société fut prononcée en juillet 1883. Seul Henri poursuivra la continuation de l’exploitation.
On
trouve 2 cloches dans le Tarn signées « TRIADOU
FRERES 1883 » à Saint-Amans-Soult et « TRIADOU
FRERES 1883 »
à Augmontel.
Le Narrateur du 4 août 1883
« PUBLICATION A SUITE : de dissolution
de société par jugement en date du neuf juillet mil huit
cent quatre-vingt-trois, rendu par le tribunal civil de
Villefranche-d’ Aveyron, jugeant en séance de commerce,
la société nommée en nom collectif par Messieurs
Hippolyte et Henri Triadou, sous la raison sociale
Triadou frères, pour l’exploitation d’une fonderie de
cloches et de fer, à Villefranche-d’Aveyron, suivant
acte, Lacombe, notaire à Rodez, en date du seize avril
mil huit cent quatre-vingt, a été dissoute suite de
désaccord survenue entre les deux associés. Monsieur
Henri Triadou, l’un des associés, s’est seul chargé de
la continuation de
l’exploitation ».
En 1884 Hippolyte s’installe à Paris avec sa famille où il travaille dans les chemins de fer.
L’activité de la fonderie gérée
par Henri cessera définitivement dès 1887.
On retrouve les 2 frères sur le
faire-part du décès de leur frère Amans à Rodez le 8
mars 1902.
P62 Photo Amans TRIADOU
Adolphe
Triadou
décide de s’associer à son fils Amans afin de monter
une société de fondeurs de cloches, ainsi publiée sur le
Journal de l’Aveyron du 19 juin 1880 :
« Par acte passé devant Me
Lacombe, notaire à Rodez, le 21 mai 1880, une Société en
nom collectif, ayant pour objet la fonderie et la vente
des cloches, a été établie à Rodez entre M. Adolphe
Triadou père, et M. Amans Triadou fils, fondeurs,
demeurant à Rodez, sous la raison sociale :
« Triadou père et fils ».
On retrouve néanmoins
de nombreuse cloches signées « TRIADOU PERE ET
FILS » dès
1876 et ceci jusqu’en 1883, année du décès de Adolphe.
Ce dernier s’était réservé, pour lui seul, la
fabrication et la vente des sonnettes ainsi que des
objets qui s’y rattachent. On retrouve aussi de
nombreuses clarines, clochettes d’appel, portant les
inscriptions « TRIADOU RODEZ » de cette
époque. les épigraphes « TRIADOU ARODES »
dateraient des premiers fondeurs Bernard, Jacques et
Amans. P63 Photos
Adolphe
décède
le 29 mars 1883, il est inhumé au caveau de Rodez qu’il
fit ériger en 1882.
Son fils Adolphe Amans né le 13 juin 1881 et dcd
le 19 décembre 1881 a été le premier y être inhumé. Amans restera
seul sur Rodez et continuera l’exploitation de la
fonderie de cloches, place Bonnaterre. Il décède à l’âge de 46
ans à Rodez le 6 mars 1902
et est inhumé
dans le caveau familial.
Sa
production
est prolifique et sa maîtrise de l’art campanaire est
reconnu par ses pairs comme le souligne régulièrement la
presse contemporaine.
VI – Charles TRIADOU
Son
fils Charles Armand Marie, né le 19 février 1883 à Rodez
prendra sa succession pour une courte durée de 2 ans. Il
continue la fonderie afin d’honorer les dernières
commandes et ceci jusqu’en 1904. La
fonderie de cloches Triadou, 3 place Bonnaterre, sera
remplacée en 1906 par
la chaudronnerie Chavernac.
A
Villefranche-de-Rouergue, deux fonderies continueront
l’activité campanaire dans le sillage de la Maison
Triadou. Les Pourcel-Plainecassagnes jusqu’en 1913 et
les Gaubert des années 1920 aux années 1970.
En Occitanie, les derniers fondeurs
ayant œuvré en Aveyron, sont les Granier, installés dans
l’Hérault, 3 générations Joseph 1931, François et Robert
jusqu’en 2012,
Il
est décédé le 16 juillet 1962 à la Garenne-Colombe où il
est inhumé. Il est le dernier fondeur de
cloches de la dynastie des fondeurs
Triadou qui dura 2 siècles (1709-1904).
Témoignages presse
locale :
Les
cloches,
sorties des ateliers Triadou bénéficiaient d’une bonne
renommée et enthousiasmaient les clients.
P64
Photo
enseignes commerciales
On
retrouve
de nombreux témoignages élogieux dans les revues
religieuses mais aussi dans la presse locale :
Le Le
Journal de l’Aveyron notait sur sa parution du 20
septembre 1865:
«
M. Triadou, de Rodez, vient de fondre pour l’église du
Monastère-sous-Rodez deux cloches qui s’harmonisent
d’une manière
parfaite avec celle que cette paroisse possédait déjà.
L’accord qu’il a établi entre elles et qui était
difficile à réaliser, est celui des notes sol, si, ré.
Nous empruntons à ce sujet à la Semaine catholique
la note suivante, qui est une appréciation de M. V.
Vernières, vicaire en ladite paroisse du Monastère :
Prié par M. Triadou, fondeur à Rodez, à l’effet de
donner mon avis sur l’accord musical des trois cloches
de la paroisse du Monastère-sous-Rodez, dont deux
viennent d’être fondues dans son atelier, je déclare
que, malgré la difficulté qu’il y avait de proportionner
les deux nouvelles cloches à l’ancienne, de manière à
former un accord parfait désigné d’avance, M. Triadou a
très bien réussi, et que les trois cloches font l’accord
parfait (sol, si, ré) du diapason ; et, me faisant
l’organe de toutes les personnes qui ont vu ou entendu
les deux cloches, je déclare encore qu’elles se font
remarquer par la beauté du timbre, l’élégance de la
forme, la variété de l’ornementation et le fini du
travail V.
VERNIERES ».
Journal
de
l’ Aveyron du 31 mai 1881 :
« UNE
CLOCHE
POUR MEYRALS EN DORDOGNE : Heureux
de
cette belle acquisition, M. Clauzel, curé de Meyrals,
s’est hâté de témoigner sa satisfaction à M. Triadou,
par la lettre suivante:
Nous
sommes
absolument satisfaits de la cloche Angèle Mondane
sortant de vos ateliers. Tout est très bien. Les noms
sont parfaitement gravés, les autres ornementations ne
laissant rien à désirer. Comme solidité, sonorité et
fini du travail, je crois qu’il est impossible de mieux
faire. Merci donc pour votre envoi et je vous assure
qu’en toute occasion je dirai que pour la modicité du
prix, la sonorité, le fini du travail vous pouvez avoir
des émules, mais nul ne vous est supérieur. Le
son de la cloche fondue chez vous se marie parfaitement
avec celui de sa vieille sœur aînée à tel point que
beaucoup de personnes du bourg, moi le premier, nous
ouvrons nos croisées pour entendre l’harmonie que
produisent nos deux cloches. Nous offrons nos sincères
félicitations à M. Triadou ».
Journal de l’Aveyron du 04/10/1890 :
« A BONNECOMBE – Lundi de cette semaine, M l’abbé Truel, vicaire général, délégué par Monseigneur, procédait au monastère des Trappistes de Bonnecombe, à la bénédiction de deux belles cloches sorites des ateliers de M Triadou et offertes par un bienfaiteur étranger, ami de l’un des Pères de la maison et l’autre par Monseigneur l’Évêque de Rodez. Les personnes qui assistaient à cette cérémonie ont constaté avec étonnement et admiration les travaux immenses accomplis au Monastère de Bonnecombe depuis quelques années. En 1876, il n’y avait là que des ruines attestant le vandalisme des révolutionnaires de 1793. Et voilà que des constructions nouvelles bien entendues, parfaitement appropriées à leur destination, se sont élevées avec une rapidité extraordinaire et comme par enchantement, c’est presque une résurrection instantanée. Au prieur actuel, R.P. Emmanuel, revient la plus grande part dans l’accomplissement de ces merveilles. L’œuvre agricole des trappistes de Bonnecombe n’est pas moins surprenante : on voit aujourd’hui de magnifiques troupeaux de brebis et de bêtes à cornes paître à pleine bouche trèfles et luzernes où ne poussaient il y a 15 ans que des genêts et de ronces ».
P65 Planche photos Monastère de
Bonnecombe
Journal de l’Aveyron du 04/10/1890 :
« Rodez, après les travaux si complets de réfection faits à Saint-Amans, après le dallage des bas-côtés, il ne manquait à cette église que des cloches dignes d’elle. Grâce à la générosité de ses paroissiens, cette lacune sera bientôt comblée. On aménage en ce moment la charpente du clocher en vue d’y installer dans le courant de ce mois, cinq belle cloches fondues dans les atelier de M. Amans Triadou de Rodez. La plus grosse pèse près de 2500kil. Elles sont toutes travaillées avec un art parfait. Les sculptures, les inscriptions, les diverses décorations ressortent avec un relief irréprochable. Le lustre du métal et très uni et d’un brillant argentin qui fait bien augurer de la sonorité ».
P65-1 Planche photos
Journal
de
l’Aveyron du 07/12/1891 :
« lundi
matin,
7 février, à 9h, commencera la cérémonie de la
bénédiction des cinq nouvelles cloches de la paroisse de
Saint-Amans à Rodez. Pendant la messe dite Mrg l’Eveque,
le grand orgue se fera entendre, il y aura des chants.
Après la messe, Mrg fera le discours de discours de
circonstance et procédera à la bénédiction. Pendant
la cérémonie, une quête sera faite par M. le curé au nom
de la fabrique. Une distribution de bons du fourneau
catholique sera faite aux pauvres de la paroisse. Depuis
quelques jours, en attendant leur consécration, sont
exposées au bas de
la nef principale de l’église Saint-Amans. On en
admire la forme élégante, artistique et sculpturale. Les
notes qu’on en tire donnent un son vibrant, juste et
moelleux.mais on ne pourra apprécier définitivement le
beau travail de Mr Triadou que dans une quinzaine de
jours. A cette époque seulement, les cinq cloche auront
pris place
dans le beffroi dont Mr Durand, entrepreneur
charpentier, refait à neuf la charpente. Elles seront
montées du côté de
la façade principale et introduites par
l’ouverture placées au-dessus du grand portal. La
commission de réception des cloches présidée par Mr
Béraldy vint de donner une appréciation très favorable à
l’œuvre de Mr Triadou.
Les fondeurs Triadou étaient devenus de véritables artistes dans l’art campanaire. Ils rivalisaient avec les plus grands fondeurs de notre pays. Les commandes affluaient de partout et même de pays étrangers.
En
1892, Amans Triadou reçut une commande de trois cloches
pour les Indes. Dont voici l’article paru sur le
Journal de l’Aveyron du 17 juin 1892 :
« Pour
Kostayam. – M. Amans Triadou, fondeur de cloches, à
Rodez, ne travaille pas seulement pour les paroisses de
ce diocèse. Il envoie les cloches sorties de ses
ateliers jusque par delà les mers. C’est ainsi que dans
l’enceinte de l’exposition on remarque 3 belles cloches
fondues par M. Triadou, et qui, de suite après le
concours, vont être expédiées au fin fond de l’Asie, sur
la côte de Malabar.
Elles sont destinées à Mgr Lavigne, notre
compatriote, archevêque de Kostayam. Les inscriptions
que portent ces cloches sont inscrites en cinq
langues : en français, en latin, en anglais, en
syriaque et en Malayalam. »
Ce
même Amans Triadou reçut une autre commande de 24
cloches pour la Chine. Journal de l’Aveyron du
28 juillet 1895 /
« La maison
Triadou, fondeur de cloches à Rodez, est chargée par Mgr
Vic, vicaire apostolique du Kiang-Si oriental en Chine,
de fondre 24 cloches qui formeront le premier carillon
catholique que possède la Chine. Le catholicisme est en
voie, grâce à Dieu et au zèle de vaillants apôtres, de
prendre possession de ce vaste empire et d’y faire
régner les bienfaits de la civilisation chrétienne».
Annexes
JOINDRE 8 feuilles Liste et poids des cloches
d’église fondues par la maison TRIADOU à
RODEZ de 1854 à 1857 et de 1869 à 1887 Société des
lettres, sciences et arts de l’Aveyron Rodez.
P66 Photo faire-part dc Amans TRIADOU
Nous avons le très vif regret d'annoncer à nos lecteurs la
mort cruellement prématurée, quoique prévue,
de notre compatriote et ami, M. Amans
Triadou. Il a achevé, jeudi, pieusement, en pleine
possession de ses facultés, muni de tous les secours et de
toutes les consolations de la religion, une existence
simple mais droite, modeste mais pleine d'honneur, toute
entière consacrée au culte de la famille, de l'art, et de
l'amitié. Amans Triadou était né à Rodez en
1856 et, après avoir terminé ses études au Pensionnat
Saint-Joseph, il avait pris immédiatement la direction de
l'industrie familiale.
Il y apportait non seulement tous ses soins et
toute son intelligence, mais encore son dévouement et son
cœur.
Il était de la race de ces fondeurs
et campaniers du moyen âge dont Huysmans nous a
tracé le portrait.
Il aimait les cloches de cette affection que
l'homme porte à l'objet qu'il anime ; il leur faisait
parler un langage que nos oreilles habituées aux cavatines
et aux valses n'entendent guère plus ; les carillons qu'il
fondait chantaient « les heures canoniales, les primes et
les tierces, les sextes et les nones, les vêpres et les
complies, célébrant l'allégresse d'une cité par le rire
fluet de leurs petites cloches, ou sa détresse par les
larmes massives des douloureux bourdons.
Triadou était artiste ; il sentait le
symbolisme des cloches. Pour lui la cloche n'était pas un
simple morceau de bronze, un mortier posé à la renverse et
qu'on agite : c'était une voix qui chante, gémit ou
invoque, et si toutes celles qui portent son nom
pleuraient sa mort, ce serait à cette heure, dans tous les
clochers de nos campagnes et de nos villes, comme un
immense glas funèbre !
Triadou meurt la fleur de l'âge,
mais il a eu, en quittant prématurément ce monde, la
consolante assurance que les séculaires traditions de sa
vieille maison seraient pieusement recueillies et
fidèlement conservées par son fils, qui vient de terminer
brillamment ses études classiques.
Cette perpétuité dans une même famille de la même
industrie n'est pas commune. Ce n'est pas seulement à sa
famille et à son art que notre cher défunt avait consacré
ses forces et son dévouement. Il était, depuis sa
fondation, le président constamment réélu de l'Association
Amicale des anciens élèves du Pensionnat St-Joseph.
Là aussi, on appréciait la générosité de son
coeur et la droiture de son âme, et le deuil de la famille
Triadou est le deuil de l'Association comme aussi de l'ami
qui trace ces lignes sous le coup de la plus douloureuse
émotion.
Les obsèques de Mr. A. Triadou ont eu lieu vendredi
soir. Une grande affluence d'amis, le Pensionnat
Saint-Joseph, la Lyre Ruthénoise l'accompagnaient à sa
dernière demeure.
Sur sa tombe, M. Landès, trésorier de
l'Association amicale du Pensionnat Saint-Joseph, a
prononcé le discours suivant :
«
Messieurs, la fin soudaine et malgré tout prématurée du
Président de l'Association amicale du Pensionnat
Saint-Joseph consterne nos cœurs. Au nom de cette
Association, je veux adresser un juste tribut d'hommages à
celui qui fut un de ses membres les plus zélés, les plus
éclairés, les plus constamment dévoués. C'est que, Amans
Triadou eut un véritable culte pour ses amis ; il était né
serviable, enjoué, communicatif ; à un jugement sûr, il
unissait une âme délicate et artistique.
Cet ensemble de qualités si attachantes le firent
désigner et maintenir à nos suffrages comme Président de
notre amicale. Enfant, il présageait l'ami entraînant' et
recherché qu'il devint plus tard et ses camarades de 1864
à 1874 auront sûrement un souvenir ému pour celui que nous
pleurons aujourd'hui.Les dix années passées au Pensionnat
St-Joseph avaient pétri l'âme d'Amans Triadou de cet
esprit profondément religieux qui grandit l'homme en
développant ses qualités naturelles, l'amène de la justice
à la charité, de l'amitié vulgaire, souvent intéressée à
l'amitié chrétienne faite d'abnégation et de sacrifices.
Triadou fut ce croyant et sa mort touchante et chrétienne
fut à l'image de sa vie : il pensa à Dieu, qu'il allait
rejoindre à sa famille et à ses principaux amis qu'il
allait quitter.
Comme suprême adieu, dans ce grand deuil qui nous
assemble, donnons-lui, Messieurs, une dernière prière, et
que l'immense douleur de sa famille et la nôtre soit
adoucie par la ferme espérance que les vertus de notre ami
ont déjà reçu, de la miséricordieuse Justice de Dieu, la
récompense qui leur est due. »
Caveau des fondeurs TRIADOU cimetière de
Rodez
Le
caveau de la famille des fondeurs Triadou est situé dans
l’allée 12 du cimetière de RODEZ. Tombé en
déshérence, ce caveau a été repris par l’Association
Familiale Triadou. Il
a été rénové et fait
partie du patrimoine remarquable du cimetière de
Rodez
Ce
caveau est surmonté d’un beffroi en grès stylisé abritant une cloche unique
dans sa conception.
Dimensions
:
hauteur
de
la cloche : 28cm.
hauteur totale avec le mouton et les anses : 63cm.
longueur
du
battant : 38cm. diamètre
cloche : 37cms poids
approximatif 36kg
Son joug est
spécifique et crée par la Maison Triadou
Cartouche ovale sur le joug métallique spécifique crée par la Maison Triadou : TRIADOU RODEZ
Épigraphie sur la couronne :
FONDUE
PAR
TRIADOU PERE ET FILS 1882
Iconographie : Ligne du
haut : frise décorative
12 (comme l’Aveyron) larmes
mesurant 4cm. sur 2cm.
Ligne du bas : Liseré
palmettes sur la lèvre inférieure (pince)
Cette
cloche
a été fondue par Jacques Adolphe TRIADOU et son fils Amans -
P67 planche
photos
[1]Société des lettres sciences et arts de l’Aveyron
[2]A noter que Louis Fabre a fondu une cloche avec
le lorrain Nicolas Renaudin à Alayrac près d’Espalion.
[3] Garric (Jean-Michel), En marge de la levée
de 300000 hommes : ‘a manifestation du 10 Mars
1793 à Montauban et la décapitation de Jean
CLADEL
[4]Athane (Urbain) Essai sur Montauban et le Tarn-et-Garonne, géographique, historique, économique, Montauban, 1908
[5] www.
sonnailles.net - fondeurs du
Sud-Ouest.
[6]AD 12 Réf. 3E 12468 MA Séquence 2 folio 20-36
[7]Jean-Nicolas Olin (1793-1857), marié à Marie-Josephe Chatelet (1803-1881), petit-fille de Joseph et de Marie Triadou
[8] www.sonnailles-net
- fondeurs du sud-ouest
[9] Monteil (Amans-Alexis) Description du département de l’Aveiron, Carrère, 1802
[10] www.laveissiere.fr
- église Saint-Louis
[11] Roc (Jean-Claude) Saint-Illide, Les cloches de l’Église romane, saint-Flour, histoire et patrimoine
[12]Un nommé Mussat aurait aussi possédé un atelier à Villfranche-de-Rouergue à la fin du 19e siècle.