accueil Marc
Joseph Triadou communard
domaine de Curlande Pierre
et le loup
EPOQUE REVOLUTIONNAIRE
récit annoté vers 1870 dans les archives paroissiales de Sébrazac, au
sujet de l'abbé Antoine LAYRAC et Marie CAVALIE épouse TRIADOU
Monsieur le Prieur laissa un digne émule de sa foi et
de ses autres vertus dans la personne de Monsieur l'abbé Layrac, son
vicaire.
Ce jeune ecclésiastique était né au hameau de
Mayrignac le 28 novembre 1756 d'une bonne et honnête famille, sur la
paroisse de Saint Julien de Rodelle, jeune, plein de prestesse et
d'énergie, il brava la persécution et il suivi l'inspiration de Dieu qui
le voulait à son premier poste pour assister les bonnes âmes.
Il ne fit pas défaut à sa mission; passant les
journées entières dans les châtaigneraies et dans les bois, il employait
les nuits aux fonctions de son ministère.
Nous sommes heureux de mentionner ici la maison
qui l'assistait le plus, même au péril de ses biens et de sa vie. C'est
la famille Triadou de Bouviala dont la foi et les moeurs
patriarcales se succèdent de génération en génération, parce que Dieu
veut la récompenser du bienfait à son ministre.
Ce ne fut pas seulement la paroisse de Sébrazac
qui eut le bonheur de posséder Monsieur Layrac pendant la tourmente
révolutionnaire.
Celle de Senepjac lui fournit aussi un asile sur
et il en profita pour porter les secours de la religion à toute la
contrée.
Il fut cependant un jour ou Monsieur Layrac se
trouva dans une grande détresse :
Marie Cavalié, la jeune femme Triadou nous
l'a rapporté dans le langage naïf que nous allons consigner ici.
"Monsieur Layrac" dit elle, "fut dénoncé, il du
prendre le parti de quitter notre maison et d'aller se cacher dans les
bois.
Il fit bien car la nuit suivante notre domicile
fut envahi; les brigands firent un tapage infernal, ils bouleversèrent
tout, de la cave au galetas, mais nous étions tranquilles car nous
savions que leur proie leur avait échappé.
Le lendemain, je sortis plusieurs fois pour
chercher à découvrir sa retraite et ce ne fut que le soir qu'il se
montra comme le lion qui sort des broussailles quand il est pressé par
la faim.
Je lui fais signe d'approcher, qu'il n'avait rien
à craindre.Il me crut facilement et il me dit " allez vite me préparer
un peu de soupe, il y a 30 heures que je n'ai rien mangé. "
Je le fis et après le bouillon, je lui servis 6
oeufs dont il se régala. Nous voulions le retenir; par un heureux
pressentiment, il s'y refusa, car les brigands revinrent de plus fort.
En se séparant de ma famille, je lui dis : "quand
vous me verrez en tel endroit, ce sera pour vous dire que vous pouvez
approcher sans crainte. Ce signal nous servit longtemps et enfin la paix
arriva".
Heureuse femme, une pieuse et longue vieillesse a
augmenté ses mérites devant Dieu qui a réuni la bienfaitrice et son
intéressant protégé.
(effectivement, Marie Cavalié est décédée en 1861 à
92 ans)
Le
domaine de Curlande à 3 kms de Bozouls
(petit historique)
Le plus important domaine de Curlande était en 1604 la
propriété de Jacques GIBRON.
Par la suite les TASSIE puis les DE GOUDAL succédèrent aux
GIBRON, devenant les Seigneurs de Curlande.
En 1789 le domaine qui appartenait en partie à François ALBENQUE
était le plus imposé de la région ( 389 livres ).
A la tête du domaine de François ALBENQUE se succédèrent la famille
DELCLAUX en 1818, BESSIERES en 1865, MONSSERVIN en
1907, puis jusqu'à ce jour la famille TRIADOU ( les anciens
fermiers à l'époque des Bessières et des Monsservin ).
En 1791 les DE GOUDAL vendirent leur domaine de Curlande à Joseph
LACOMBE d'Aboul pour 3600 F d'argent métallique qui l'acheta en
parties successives en 1797, en 1816 à la famille CATUSSE, et en
1826 à Jean Amans RICOMES.
En 1884 le domaine, ou ce qu'il en restait, était entre les mains de la
famille SANNE, et a appartenu également à la famille VERDIE.
En 1809 le domaine de François ALBENQUE de Curlande comptait 5 paires
de boeufs et celui de LACOMBE : 4 paires.
TRIADOU Marc Joseph (né en 1840 à Campuac)
fils de Marc Triadou
et Marianne Castan, petit fils de Marc Triadou et Marie Latieule
de la Fage commune de Bessuéjouls.
Le 15 mai 1840 comparait en la mairie de Villecomtal Marc Triadou âgé de
33 ans, cultivateur domicilié à Campuac
afin d’y déclarer la naissance de Marc Joseph son fils, de lui
déclarant et de Marie Anne Castan son épouse âgée de 25 ans.
Marc Joseph Triadou habitera Paris au 1 de la rue du
Plateau.
Selon le rapport du 21 avril 1872 établi pour son procès, il s’enrôle
pendant le siège de Paris par les prussiens
dans les éclaireurs de la garde nationale et il assiste avec ce corps à
l’affaire du pont de Bezon.
Il entre quelque temps après dans la garde nationale où la solde était plus
forte afin de se nourrir plus facilement
lui et sa femme. Il est placé au 179ème bataillon et y reste tout le
temps, ne pouvant trouver ouvrage nulle part ailleurs.
Pendant la Commune on le retrouve dans les rangs de ce bataillon. Il nous
dit lui-même qu’il était placé à la 1ère compagnie de marche.
Il est allé à Vanves, au fort d'
Issy et enfin à Montrouge. Le prévenu avoue avoir fait feu dans
les tranchées.
A-t-il tiré 15 coups de feu comme il l’avoue ?
C’est un point que nous ne chercherons pas à élucider.
Ce que nous tenons à établir, c’est que Triadou a servi avec zèle la
cause de l’insurrection.
Dans les derniers jours d’avril, sous-lieutenant d’abord puis lieutenant,
sans le faire passer par les grades inférieurs.
C’est en cette qualité qu’il va à Montrouge, mais n’en jouit pas longtemps,
à peine arrivé, il est blessé à la figure par un éclat d’obus le 12 mai
1871. A partir de ce moment il ne fait aucun service et va soigner sa
blessure chez lui où on lui apporte sa solde.
C’est là qu’il est resté jusqu’à son arrestation le 31 mai 1871, il
n’a opposé aucune résistance, il était sans arme
et n’avait plus son costume de garde national.
Les antécédents du prévenu ne sont pas mauvais et sa moralité sont attestés
par le commissaire de police de son quartier. Il n’avait
jamais été condamné auparavant.
Il avait subi un interrogatoire le 19 août 1871 à Vincennes dont les termes
ont été repris dans le rapport présenté à
son procès.
Par jugement du 3 mai 1872 il est condamné à la déportation dans une
enceinte fortifiée
Il est accusé :
- d’avoir dans un mouvement insurrectionnel, porté des armes apparentes.
- D’avoir revêtu un uniforme.
- Avoir fait usage de ces armes.
- Avoir exercé un commandement dans des bandes armées.

Matricule 347, il embarque en rade de Brest sur « la Garonne » le 31 juillet
1872 pour la Nouvelle Calédonie qu’il atteindra le 5 novembre.
Le 15 janvier 1879 remise de la peine. Le 8 juin 1879 il quitte la
Nouvelle Calédonie par « le Navarin », il arrive à Brest le 28 septembre
suivant. Est il revenu à Paris aprés sa
déportation ? Seuls d'éventuels descendants pourraient nous
renseigner, dans ce cas n'hésitez pas à nous contacter :
fcavaroc@free.fr
christian.triadou@wanadoo.fr
PIERRE (TRIADOU) ET LE LOUP
Décès à l'hospice de
Rodez le 9 Juin 1803 de Pierre Triadou né en 1777 à Puech Baures paroisse
de St Félix sous Rodez (actuellement commune d'Onet le château), fils de
Jean Antoine Triadou (né à Bonifays, dcd à Rodez en 1800 ) et Françoise
Guibert, petit fils d’Antoine Triadou (né aux Astruges en 1687) et de Marie
Arribat, arrière petit fils de Jean Triadou et Louise Roberte (des Astruges).
Les loups et la rage
« A l'histoire des loups en Rouergue se rattache un
épisode que je ne dois pas passer sous silence.
Voici la dépêche que le préfet Sainthorent adressait au
ministre de l'Intérieur à la date du 15 pluviôse an II (4 février
1803).
"Citoyen ministre, j'ai l'honneur de vous adresser un rapport du
maire d'Onet-la-Plaine (Onet-le château avant et après la 1ère
République),
arrondissement de Rodez, sur un événement malheureux arrivé dans sa
commune.
Le nommé Triadou, berger, après avoir lutté contre un loup
enragé qui était aux prises avec les chiens du maître, a été
attaqué lui-même et forcé de se défendre.
Il a saisi et tenu dans ses bras cet animal furieux, jusqu'à ce
qu'il a été étranglé par des domestiques qu'il a appelé à son
secours, et qui n'osaient pas même approcher.
Tant de courage n'a pu le mettre à l'abri de la dent meurtrière du
loup ; il a eu une jambe dévorée et quelques autres blessures qui,
quoique très fortes, ne laissent d'autre crainte que celle de la
rage.
Ce citoyen vient d'être conduit à l'hospice, où les soins du
citoyen Flaugergue, médecin de cette maison de charité, lui
seront donnés avec attention.
Je ferai observer avec soin le cours périodique
de cette maladie qui est à son 15ième jour sans laisser entrevoir
des symptômes alarmants.
La suppression des fonds destinés pour indemnité à ceux qui ont tué
un loup ou une louve, ne me laisse aucun moyen de secours à
accorder à ce malheureux citoyen qui le réclame avec justice, et
qui a d'autant plus de droit à l'obtenir qu'il appartient à une
pauvre veuve sexagénaire dont il est le seul appui.
Je vous prie, citoyen ministre, de m'autoriser à prendre sur les
centimes additionnels la somme que vous jugerez convenable
d'accorder à ce généreux dévouement.
Salut et respect."
Le 24 ventôse suivant (15 mars 1803), le ministre manda au préfet
d'accorder 150 francs de secours au courageux berger.
Malgré les soins les plus assidus, les blessures avaient été trop
nombreuses et trop profondes pour qu'une guérison pût se produire.
Le malheureux Triadou fut emporté par le mal terrible dont
les victimes étaient alors si multipliées, et que les
providentielles découvertes de Pasteur permettent aujourd'hui de
conjurer. »
(Extr. de Dictionnaire des institutions mœurs et coutumes du
Rouergue, par H. Affre, 1903)
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