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VOYAGE A PIGUE       ARGENTINE

pour tous renseignements (durée du séjour, tarifs....) contacter Christian Triadou   christiantriadou@orange.fr

Marlène Triadou  à gauche avec sa chienne Mara            à droite lors de la  fête de Pigüe  en fin 1998 avec son mari Hector Favre
                                                             

Lors de la dernière assemblée générale de l’association, nous avions évoqué la possibilité  d’un voyage à Pigüe en Argentine où un de nos cousins (Félix Triadou) a émigré, vous trouverez dans ce bulletin un condensé de l’aventure exceptionnelle de ces pionniers aveyronnais devenus gauchos dans la pampa.

Un dossier vous a été envoyé par le voyagiste, il a été omis volontairement le programme détaillé des trois jours à Pigüe. Je tiens à vous informer que dés notre arrivée dans cette ville, notre « cousine » Marlène Triadou Favre nous fera visiter l’estancia familiale. En fin de journée nous serons accueillis par l’alliance Française pour une soirée conviviale placée sous le signe des échanges Rouergue-Pigüe. Le lendemain (dimanche) aura lieu la grande fête de l’omelette géante (gratuite).

Cette journée honorant l’installation des pionniers aveyronnais sera placée sous le signe de nombreuses réjouissances :  asados  (barbecues géants, voir photo ci dessous),  marché d’art indigène (indiens venus des sierras environnantes).

 

Asado :  quartiers de viande (bœuf, agneau) toujours grillés de façon verticale                    

                             Gaucho dans la pampa argentine prés de Pigüe
       

Des Aveyronnais dans la Pampa                                         Christian Triadou                                                             

De tout  temps l’Aveyron a été une terre de migration et d’émigration. Celle-ci se faisait préférentiellement vers le Midi languedocien. La fin du XIX° siècle connaissant un pic de peuplement  (415 826 habitants recensés en 1886), la vie rurale dans notre belle province du Rouergue devenait de plus en plus difficile. La vallée du Lot, qui était certainement la partie la plus peuplée, cultivait depuis toujours la vigne. En effet, elle fournissait en vin et ceci depuis des siècles la proche Auvergne.    Faites une ballade du côté de Sébrazac, St Pierre de Bessuéjouls, Espalion, St Côme d’Olt entre autres et vous verrez ces milliers de terrasses désertées  où la sueur et le sang ont forgé le caractère si typique du Rouergat.

 Nous étions et resterons toujours des descendants des costovins (ceux qui habitent les côtes du vin) ou coustoubis comme disait mon père. Cette vigne, véritable manne, faisait vivre des familles entières. Il a fallu qu’un petit insecte, un puceron ‘importé’ d’Amérique et nommé phylloxera déclenche une situation qui devient alors irréversible. Il n’a fallu  qu’une pincée d’années à cet insecte parasite pour détruire toutes les vignes et ravager ainsi la grande vallée du Lot. Notre province étant devenue exsangue, les mamelles de l’Aveyron ne pouvaient plus nourrir ses nombreuses familles. Reste alors le vieux réflexe multiséculaire : émigrer vers des contrées riches et accueillantes. Sans formation mais courageux,  nos aveyronnais partent vers Paris et débutent comme homme de peine, portefaix, manœuvre, cocher de fiacre, porteur d’eau, livreur de charbon. Ainsi débute la remarquable épopée de la saga des limonadiers rouergats de Paris. La capitale, en près de deux décennies voit arriver près de 50000 rouergats. Cet exode rural verra aussi beaucoup de nos compatriotes partir vers le Sud. Très peu s’installe à l’étranger hormis quelques décazevillois partis pour la Californie.

A l’époque, peu de candidats à l’émigration songent aux potentialités offertes par un grand nombre de pays d’Amérique du Sud, notamment l’Argentine pratiquant une active politique d’immigration. Une jeune république gouverne à Buenos Aires tandis que les indiens patagons et aucans règnent sans partage sur ce qui reste pour peu de temps le désert ou la pampa.

Là-bas, tout reste à faire, la pampa ne demande qu’à accueillir des bras vaillants et les riches terres à porter de somptueuses récoltes. 

Par un curieux concours de circonstances, un Aveyronnais de la vallée du Lot, un certain Clément Cabanettes, originaire du hameau d’Ambec près de St Côme d’Olt, fait unique dans notre histoire nationale et provinciale, crée la seule colonie française et à dominante aveyronnaise de l’hémisphère Sud.

Cela se passe un 4 décembre 1884, à Pigüe, province de Buenos Aires, République d’Argentine.

Achetant près de 27000 ha de terre vierge, récemment conquises sur les indiens, notre aveyronnais, un rien baroudeur, pressent que ces terres peuvent devenir pour des aveyronnais un vrai eldorado. Il envoie alors, en émissaire en Aveyron, son compatriote et ami François Yssaly, originaire de St Félix de Lunel, qui commence une véritable campagne de recrutement qui serait longue à raconter tant les suspicions, déboires administratifs entre autres ont freiné  cette démarche inédite. Grâce à des camarades d’école comme François Gay  de Tholet, et de nombreuses publications dans les journaux de l’époque tel que l’Aveyron républicain, le résultat ne se fait pas attendre. Et comme l’écrivait Cabanettes, «  nos bons agriculteurs  aveyronnais vont s’extasier devant la beauté de la terre que nous allons leur donner ».

Ainsi, le 25 octobre 1884, 160 personnes dont 40 enfants formant ainsi un noyau de 40 familles embarquent à  Bordeaux à bord du Belgrano pour une traversée de 38 jours qui sera pour la plupart  la dernière.

Le 4 décembre 1884, notre petite communauté s’installait dans ce qui semblait être le ‘paradis’. Au contraire, nos pionniers, contraints pour la plupart de dormir sur leur terre promise dans des abris de fortune (trous dans le sol couvert d’une tôle), connurent des débuts très difficiles. Il faut lire les divers documents relatant  cette aventure pour en comprendre toutes les difficultés engendrées : création de puits, construction de maisons, premières récoltes désastreuses, inversion  des saisons etc…

Heureusement, la solidarité aveyronnaise a fait le reste. Si certains aveyronnais sont revenus vers la mère patrie, la plupart sont restés et ont été rejoints par des compatriotes mais aussi diverses nationalités dont  des espagnols, italiens, allemands et bien sur des argentins.

 

 

En 1898, Félix Triadou accompagné de sa fiancée Hélène Valentin et de son frère Joseph Triadou, tente l’aventure. D’abord garçon de ferme, il achètera ses premiers 100ha en 1914. Après ce premier ‘lopin de terre’, Félix possèdera 304 ha en 1927  et plus de 460 ha en 1930, une des plus belles « estancias » de la région.

 L’émigration aveyronnaise en Argentine a ralenti dès le début du XX° siècle et cessé définitivement lors de la guerre 14-18.

 

 Vue générale de la ville de Pigüe

Omelette géante à Pigüe lors de la fête du 4 décembre.     Il est à noter qu’en Argentine le mois de décembre correspond à notre mois de Juin.

PIGUE 

 La cité de Pigüe dont le nom est un dérivé indien PI HUE vocable qui signifie en indien Pi (parler) HUE (lieu) fait partie de la province de Buenos Aires.

Pour l’histoire, il est quand même intéressant de savoir qu’en février 1852, le long du ruisseau de PIGUE s’est déroulée une bataille sanglante qui porte ce nom. Le colonel Nicolas Granada alignant 1500 lances met en déroute les tribus indiennes du nom de CACAIQUE CALVUCERO   dont le nom signifie ‘Pierre Bleue’.

L’invasion de la pampa commence et de nombreuses batailles entre les troupes du général Roca et les derniers indiens autochtones émaillent  cette période sanglante où la jeune république argentine émerge.

Les luttes tenaces et cruelles contre les indiens libèrent ainsi des millions d’hectares qui ne demandent qu’à être exploités. Pigüe, d’abord petit village, devient grâce à nos aveyronnais une cité où église, écoles, artisans, commerces, coopératives lui donne une connotation de chef lieu d’une région formée d’immenses estancias (ferme de plusieurs centaines d’hectares) dont une grande partie est gérée à ce jour  par des descendants d’aveyronnais.

Si  le Français et le patois ne sont plus parlés car remplacés par la langue nationale, il n’en demeure pas moins que les racines rouergates sont toujours là. L’association Aveyron–Pigüe basée à St Côme d’Olt et l’alliance française à Pigüe continuent à promouvoir les relations culturelles, linguistiques, échanges, retrouvailles etc….

C’est une réalité : Pigüe, petite ville de 13000 habitants a été fondée par des aveyronnais. Aujourd’hui, plus d’un tiers de la population a des racines aveyronnaises.

Et comme je l’ai déjà cité, Pigüe est la seule ville et région administrative hors de France fondée par des Aveyronnais.

 Même si les habitants de Pigüe sont avant tout argentins et fiers de leur pays et de leur drapeau, l’accueil qu’ils réservent aux aveyronnais démontre leur attachement à  leur ‘Rouergue’ où sont nés leurs ancêtres et où ils possèdent de nombreux cousins.

 

 vers 1925 à Pigüe  à gauche Hélène Valentin épouse Triadou, ensuite Maria, au milieu debout Luis (père de Marlène), à sa droite Rosa puis  Félix Triadou, assise Juana, et à sa gauche Enrique.
   

Les Triadou en Argentine

Félix Triadou (né à Buzeins en 1875) se maria à Pigüe en 1902 avec Hélène Valentin originaire du Bez de Canet commune de St Laurent d’Olt, ils eurent cinq enfants :

Luis (décédé en 1977)  marié à Laura Castagnola, parents de Marlène et Esther qui sont les seules personnes en Argentine à porter encore le nom de Triadou.   

 Juana   décédée en 2003     célibataire                  Enrique     décédé en 1987  célibataire                                                                                    Rosa      décédée en  1970  célibataire                   Maria     mariée avec Elia Francès   (trois enfants)

Joseph Triadou (le frère de Félix) et son épouse Victorine Guitard  (mariés en 1898 à Buzeins juste avant leur départ) eurent une fille : Maria Luisa (1903-1989) qui se maria avec Santiago Bousquet, ils vécurent à Puan une ville proche de Pigüe.

Les Triadou de Buzeins

Félix Triadou (1875-1945) et Joseph Triadou (1865-1923) les deux frères qui émigrèrent en Argentine sont nés à Buzeins de Joseph Triadou et Marion Chayrigués, dans une fratrie de 8 enfants (cinq garçons et trois filles).  Leur père naquit à Malescombes commune de Ste Eulalie d’Olt où sa famille était établie depuis 3 générations.         

En remontant dans le temps on trouve cette lignée de Triadou à Cruéjouls à partir de 1712 (date du mariage de Jean Triadou et Marianne Conte),  aux Escabrins paroisse de Barriac prés de Bozouls à partir de 1661, année où Guillaume Triadou (père du précédent, originaire des Solières paroisse de St Pierre de Bessuéjouls) vint s’établir  par son mariage avec Anne Laquerbe.                                                                                                                                            Il est à noter que les Solières sont situées à 300 m à peine des Astruges, il est plus que vraisemblable que cette lignée soit originaire de ce lieu.